Notre université a profondément transformé son organisation au fil des deux dernières mandatures afin de s’aligner sur le projet de « l’Université Cible ». Ce projet, ambitieux, vise à préparer un avenir prometteur dans un paysage universitaire national marqué par un sous-investissement chronique de l’État et un panorama international plaçant les établissements en concurrence entre eux.
Cependant, chacun.e de nous peut dresser un bilan de ces transformations : les transformations imposées ont-elles donné les moyens aux collègues d’améliorer les formations et l’accueil des étudiant.es ? Nos travaux de recherche sont-ils aujourd’hui plus utiles à la société et mieux reconnus à l’échelle nationale et internationale ? Les réponses à ces questions sont contrastées. Au quotidien, enseignants, enseignants-chercheurs, chercheurs et personnels administratifs et techniques de l’UPPA donnent le meilleur d’eux.elles mêmes pour offrir un service public de l’ES&R de qualité. Toutefois, dans une farandole continue de projets « structurants », d’initiatives d' »excellence » et un management centré sur le changement permanent, nous n’avons pas pris le temps d’engager une réflexion collective approfondie. Pourtant, notre université doit redevenir un lieu de débat d’idées où la diversité des points de vue, notamment de celles et ceux qui œuvrent sur le terrain, nourrit les décisions. Ce débat ne saurait se limiter à quelques-un.es.
Concernant la formation, les sujets qui nous semblent prioritaires sont l’articulation entre nos formations de niveau Licence et celles de niveau Master, la complémentarité et non la concurrence entre nos formations afin d’accomplir notre ambition de proposer une Université de proximité, en appui sur ses atouts disciplinaires et la variété de ses campus. Fondamentaux, ces sujets méritent d’être traités dans le cadre d’échanges approfondis et permanents avec l’ensemble des collègues sur le terrain qui sont en première ligne et qui œuvrent dans un cadre budgétaire contraint et un contexte d’épuisement.
Concernant la recherche, un cadre conçu en cercle restreint et plaqué sur la réalité beaucoup plus foisonnante des projets menés par les équipes a été imposé. A l’aide d’une communication fleurie autour des cinq missions interdisciplinaires, cette initiative peine toutefois à convaincre. D’ailleurs, l’adhésion à ces missions reste faible parmi les personnels de l’université. Une politique scientifique ambitieuse ne saurait se résumer à des « missions » imposées destinées à faire de la communication à destination de l’extérieur de l’UPPA.
Nous souhaitons redonner l’initiative aux chercheur.es. Leur vision des enjeux actuels et futurs de la recherche est essentielle, et leurs projets devraient d’abord se structurer au niveau des laboratoires avant de s’inscrire dans une stratégie universitaire globale. Notre université dispose d’atouts solides et d’un vivier de compétences diversifiées, lui permettant de mener des recherches académiques fondamentales, originales et novatrices. Pour peu que les libertés académiques soient l’objet d’une protection affirmée, l’UPPA pourra développer des travaux en lien avec les mondes économiques, associatifs et institutionnels locaux, nationaux ou internationaux,. Elle sera en mesure de structurer des axes prioritaires répondant aux attentes sociétales d’aujourd’hui et de demain, de soutenir des idées exploratoires et de promouvoir des recherches disciplinaires ou pluridisciplinaires qui correspondent aux projets et aux manières de travailler des personnels de la recherche.
En somme, notre université doit retrouver un équilibre entre ambition institutionnelle, diversité des approches et soutien aux initiatives individuelles. C’est en réaffirmant cet équilibre que nous pourrons véritablement répondre aux défis à venir.
Pour une université de service public
- Qui œuvre, sans distinction de statut ou de fonction, à la réussite des étudiant·es,
- Qui promeut activement les dispositifs permettant la poursuite ou la reprise d’études (FTLV, DAEU, APILS),
- Qui remet l’enseignement et la recherche au cœur de nos métiers et au centre des projets,
- Qui réaffirme et protège les libertés académiques aussi bien dans l’enseignement que dans la recherche,
- Qui réaffirme sa volonté de s’inscrire pleinement dans l’économie locale et régionale,
- Qui inclut le champ associatif en phase avec les valeurs du bien commun et de l’intérêt général dans les projets de collaboration et de partenariat.
Pour une université engagée dans la transformation écologique
- Qui étudie ses partenariats industriels et financiers à l’aune de l’urgence écologique,
- Qui fait entrer des associations environnementales dans ses personnalités extérieures,
- Qui promeut pour toutes et tous la gratuité des transports en commun et des parkings, un réseau cyclable continu et sécurisé, et le co-voiturage,
- Qui encourage une alimentation saine et locale dans la restauration collective du CLOUS ou les distributeurs ; qui soutient une expérimentation de sécurité sociale de l’alimentation à l’Université pour que les étudiant·es et les personnels les plus précarisés puissent manger correctement et à leur faim,
- Qui prend soin de son patrimoine immobilier en respectant les normes écologiques pour assurer le même confort à toutes et tous,
- Qui favorise l’intégration pluridisciplinaire des enjeux sociaux liés aux défis environnementaux et climatiques dans ses programmes académiques,
- Qui encourage la recherche à travailler à des solutions pour atténuer le changement climatique, pour prendre soin du vivant,
- Qui souhaite faire de ses différents campus des laboratoires écologiques en favorisant un aménagement fondé sur la sobriété et les écosystèmes, à travers des projets pilotes.