Feuille de route formation au CAC plénier du 27 janvier 2022 : sortie de route annoncée ?

La VP CFVU présente une feuille de route formation (PowePoint) en partant d’un constat positif (UPPA dans le « top 10 » des universités, un encadrement « à la pointe » de la connaissance, une démarche qualité reconnue). Elle liste ensuite les projets dans lesquels l’université s’est engagée pour améliorer la qualité de la formation et favoriser l’insertion professionnelle des étudiants. Ces projets, dits « structurants » et « essentiels » pour la formation, sont, entre autres, SPACE, E2S, Unita, SFRI Green, Hype 13, ainsi que la construction de la nouvelle accréditation fondée sur l’APC. Est mis en avant cet objectif : « offrir un accès de qualité à l’enseignement supérieur à tous les bacheliers du territoire ».

Cette feuille de route a été adoptée avec 20 voix pour, 11 contre et 5 abstentions.

Nos élus ont réagi pour souligner que :

  • Cette feuille de route est totalement « hors-sol », déconnectée des réalités sur le terrain et éloignant les enseignants et enseignants chercheurs de leur coeur de métier.
  • Certains dispositifs (par exemple le tutorat en L1) sont déployés alors que les effectifs des groupes peuvent être très lourds. Le problème n’est certainement pas qu’on accueille trop d’étudiants mais que l’administration oblige les formations (qui se sont pourtant organisées pour les accueillir) à fermer des groupes. Objectif de nos administrateurs : faire des économies. Ces dispositifs sont alors des « cache-misère ».
  • En tant que service public, nous sommes tenus d’accueillir le maximum de bacheliers du territoire, mais l’Etat ne nous en donne pas les moyens, comme le montre le numerus clausus qui affecte nombre de formations.
  • Cette feuille de route n’est pas opérationnelle : en l’absence d’état des lieux sincères de l’existant, on ne fait pas figurer explicitement le sous-financement dans ce document.
  • Au moment où les formations mettent en oeuvre les « compétences », il faudrait faire de la maîtrise de la langue française une priorité. Sans préjuger du « niveau » des étudiants, force est de constater – comme l’ont fait bien des enquêtes récentes – une déperdition importante des compétences grammaticales et orthographiques et, plus inquiétant encore, syntaxiques. En SSH, la perte de ces compétences a pour résultat une perte de sens inquiétante. De même pour le secteur sciences, la chute dramatique de la maitrise des outils mathématiques générée par la réforme du bac met en danger les licences. Nous n’avons pas les moyens d’une politique de remédiation massive.
  • Relativement à l’offre de formation, il faudrait clarifier la répartition des rôles entre CFVU et Collèges. En SSH, le refus obstiné de remettre en fonction la Commission de la Pédagogie (demande plusieurs fois exprimée) ne favorise pas les échanges sur cette question, et moins encore l’adhésion des enseignants.
  • Sur l’alternance : plébiscitée par les étudiants (surtout en master), l’alternance peut être encouragée, mais une réflexion et une harmonisation des pratiques relativement à la répartition des moyens financiers doivent avoir lieu.
  • Si l’on accepte l’argument du président Bordes que seule la manifestation de notre dynamisme peut nous permettre l’obtention de financements accrus, il n’en demeure pas moins que la multiplication des dispositifs (Unita, Space, Hype, Green…), à moyens humains constants qui plus est, débouche sur une nébuleuse pédagogique peu lisible.
  • En outre, un bilan de ces dispositifs semble indispensable à ce stade : quel est le coût réel (en termes de finances mais aussi en regard de l’investissement des collègues et du temps passé à mettre en œuvre ces dispositifs) ainsi que le nombre d’étudiants concernés ? Quels sont les effets sur leur devenir et leur insertion ? Quels sont les bénéfices de l’hybridation des enseignements sur l’apprentissage des étudiants ?
  • La VP CFVU évoque une offre de formation qui devrait être plus « flexible ». Ce terme est bien malencontreux et rappelle de bien mauvais souvenirs. Au-delà, on peut s’interroger sur la pertinence d’un élargissement de l’offre de formation quand les formations existantes peinent à fonctionner.